Le 25 mars 1945, en la fête de l'Annonciation, la Vierge Marie apparaît à une femme toute simple, Ida Peerdeman (+1996), qui habite à Amsterdam avec ses sœurs. C'est la première de 56 apparitions qui vont se succéder par intermittence, entre 1945 et 1959. L'évêque diocésain a reconnu le caractère surnaturel des messages de la Dame de tous les Peuples le 31 mai 2002.
Il s'agit, comme le dit le site officiel des apparitions, d' « un nouveau "miracle de Cana" (cf. Jn 2,5), où la Vierge Marie touche le cœur de Son Fils et obtient en notre époque tragique, une venue toute particulière de l'Esprit-Saint. Telle est la porte qui s'ouvre sur une nouvelle évangélisation et un véritable œcuménisme en ce troisième millénaire. »[1]
En outre, trois messages datés du 31 mai semblent devoir être lus ensemble autour du thème du Christ ROI.
La promesse du 31 mai 1955 - « C'est seulement maintenant que le Saint Esprit va venir sur cette terre.» - se lit avec la promesse du 31 mai 1956 : « Et il y aura la paix, la Paix véritable. Peuples, cette Paix véritable, c'est le REGNE DE DIEU, et il est plus proche que jamais. Comprenez bien ces paroles », il est possible (mais non obligatoire) d'interpréter cette venue de l'Esprit Saint en rapport avec la venue du Christ comme Roi des rois (Ap 17, 14 et Ap 19, 16), pour un règne spirituel dans les cœurs de ceux qui l'accueillent, avant le jugement dernier. La synthèse est encore plus claire dans le message du 31 mai 1951 :
« [Le Père et le Fils] veulent envoyer le Saint et Véritable Esprit. Lui seul peut apporter la paix [...] Et maintenant, je m'adresse aux hommes de ce monde et je dis : Hommes, c'est de vous que doit venir la force et la volonté de conduire le monde vers le SEUL ROI de ce monde, le Seigneur Jésus-Christ. » (31 mai 1951)
L'adjectif « SEUL », rappelle peut-être discrètement la condamnation des livres de Maurras par Pie XI[2] et l'institution de la fête liturgique du Christ Roi[3] ; (cet adjectif semble faire aussi écho à d'autres révélations privées à Sr Olive Danzé - « Ils veulent des rois. Mais c'est Moi qui suis le SEUL Roi. »[4] révélations qui ont conduit à la construction d'un sanctuaire du Christ roi à Paris en 1940 - sanctuaire qui fut démoli en 1977 mais dont sœur Olive annonça la reconstruction).
Dans le livre de l'Apocalypse, les mentions du Christ « roi » se situent juste avant et juste après la « chute de Babylone », autrement dit dans le combat d'intense combat spirituel qui précède la « fin ».
Mais n'oublions pas que le langage symbolique de l'Apocalypse est fait pour que nous puissions l'interpréter à trois niveaux :
1. La mort individuelle de chacun d'entre nous ;
2. La fin d'une génération avec ses tentations, son antéchrist, sa Babylone, ses fléaux... : c'est ainsi qu'à la fin de son discours sur les Fins dernières, Jésus déclara : « cette génération ne passera pas que tout soit accompli » (Mt 24, 34) et c'est aussi en ce sens que Vincent Ferrier (1350-1419) annonça la « fin du monde » pour sa génération...
3. La fin du monde, pour la dernière génération, avec un combat spirituel spécial, et une royauté spéciale du Christ qui dans l'Apocalypse est toujours « l'Agneau ».
Parce que l'Apocalypse doit se lire à ces trois niveaux, il n'est pas possible de savoir si les messages de la Dame de tous les peuples qui ont une teneur apocalyptique concernent la fin du monde ou la fin de notre génération.
Citons quelques-uns de ces messages :
Le 26 décembre 1947 : « Je vois côte à côte l'Europe et l'Amérique. Des mots sont tracés : "Guerre économique", "boycott", "devises", "désastres".» Puis une vision « d'une sorte de torpille » et « d'ulcères affreux »
Le 28 mars 1948 : « A Jérusalem, les peuples de l'Orient se couvrent le visage de leurs mains. Ils disent : Malheur dans leur ville ! » La Dame dit : « Il y a une grande source et, tous, vous pouvez vous y laver. » Des mots paraissent. Je lis : « Equité », « Amour », « Justice ».
Le 16 novembre 1950 : « Il y a une grande, une épouvantable apostasie ».
Le 20 septembre 1951 : « Au Saint-Père je dis : tu es le LUTTEUR en ce temps. Obtient de tes subordonnés qu'ils soient larges et compréhensifs dans leurs entreprises et dans leurs jugements. C'est seulement ainsi que ce monde peut être gagné à la foi. »
31 mai 1956 : « Et il y aura la paix, la Paix véritable. Peuples, cette Paix véritable, c'est le règne de Dieu ; et il est plus proche que jamais. »
Les visions de catastrophes doivent se lire comme la série des fléaux et des avertissements de l'Apocalypse de Jean, qui sont comme autant de plaies d'Egypte pour le grand Exode eschatologique.
Peu avant « la chute de Babylone », en comprenant bien que le combat est un combat spirituel (à la manière du pape qui est un « lutteur », mais dont la puissance réside dans les encycliques).
« Ils mèneront campagne contre l'Agneau, et l'Agneau les vaincra, car il est Seigneur des seigneurs et Roi des rois, avec les siens: les appelés, les choisis, les fidèles. » (Ap 17, 14)
Peu après « la chute de Babylone » :
« De sa bouche sort une épée acérée [L'épée est celle du Verbe : c'est sa Parole] pour en frapper les païens; c'est lui qui les mènera avec un sceptre de fer; c'est lui qui foule dans la cuve le vin de l'ardente colère de Dieu, le Maître-de-tout. Un nom est inscrit sur son manteau et sur sa cuisse: Roi des rois et Seigneur des seigneurs. » (Ap 19, 15-16)
Son règne est décrit dans les , et résumé par saint Paul : le règne de Dieu est « la justice, la paix et la joie, dans le Saint-Esprit. » (Rm 14, 17)
Encore une fois, il est rigoureusement impossible de préciser si ce règne annoncé par la Dame de tous les peuples concerne notre génération ou la Fin du monde.
[1] Extrait de la brochure „ENTSTEHUNG BOTSCHAFTEN BEDEUTUNG" / ("ORIGINE, MESSAGES, SIGNIFICATION"), Fondation La Dame de tous les Peuples, 2002.
[2] Le pape Pie XI dans son allocution consistoriale du 20 décembre 1926 interdit aux catholiques la propagande de l'Action française.
[3] Pie XI, Encyclique Quas Primas, instaurant la fête du Christ-Roi, 11 décembre 1925
[4] ROUSSOT J-B, La Colombe de France : la vie et la mission de sœur Marie du Christ-Roi, éditions Résiac, Montsûrs, septembre 2001, p. 22.
Françoise Breynaert