La grâce perdue et retrouvée

La grâce perdue et retrouvée

Saint Silouane (1866-1938) enseigne au sujet de la grâce, il s'agit d'abord d'une connaissance dans l'Esprit Saint, une connaissance existentielle, par la prière.

Cet enseignement nous fait aussi comprendre de l'intérieur

- ce qu'à pu vivre la mère de Dieu pendant l'épisode de Jésus perdu et retrouvé au temple (Lc 2, 41-52)

- La doctrine de la coopération à la rédemption.

Nous avons besoin de la grâce comme une fleur a besoin du soleil [1]

Saint Silouane écrit :

Pour vivre, notre corps a besoin chaque jour de nourriture et d'air. Pour notre âme, nous avons besoin du Seigneur et de la grâce du Saint Esprit, sans laquelle l'âme est morte. Comme le soleil réchauffe et vivifie les fleurs des champs qui se tournent vers lui, ainsi l'âme qui aime Dieu s'élance vers Lui et trouve sa béatitude en Lui ; et dans sa grande joie, elle veut que tous les hommes jouissent de ce même bonheur. Le Seigneur nous a créés afin qu'au Ciel nous demeurions éternellement avec Lui dans l'amour.

Nous cherchons la grâce comme Marie a cherché l'enfant Jésus[2]

Saint Silouane écrit :

Le fils du roi alla au loin pour chasser ; dans la forêt épaisse, il se perdit et ne put retourner à son palais. Il versa d'abondantes larmes en cherchant son chemin, mais ne le trouva pas. Restant dans la forêt sauvage, il désirait revoir le roi son père, la reine sa mère, et ses frères et ses sœurs. Comment pourrait-il vivre, lui le fils du roi, dans une forêt sauvage et perdue ? il sanglotait en songeant à sa vie d'autrefois dans le palais de son père, et regrettait amèrement d'avoir perdu sa mère.

C'est ainsi, et plus encore, que souffre et se lamente l'âme qui a perdu la grâce du Saint Esprit, et qui est emmenée en esclavage par les pensées mauvaises.

Mais celui qui ne connaît pas la grâce ne la cherche pas.

Pour garder la grâce, l'homme doit être retenu en tout : mouvements, paroles, regards, pensées et nourriture.

Il est dit dans l'Evangile que lorsque la Mère de Dieu quitta Jérusalem en compagnie de Joseph, elle pensait que son Fils faisait route avec des parents ou des connaissances. Et ce n'est qu'au bout de trois jours de recherches qu'ils le trouvèrent dans le Temple s'entretenant avec les docteurs (Lc 2, 44-46).

Seul le Seigneur sait toute choses ; quant à nous, qui que nous soyons, pour éviter de commettre des erreurs, il nous faut prier Dieu de nous éclairer, et interroger notre père spirituel.

La grâce dans les étapes du chemin spirituel[3].

Archimandrite Sophrony résume l'enseignement de saint Silouane :

Le starets connaissait par expérience les étapes de la voie spirituelle. Il indiquait trois étapes essentielles dans cette voie :

- La première, la réception de la grâce ;

- La deuxième, la perte de la grâce ;

- Et la troisième, le retour de la grâce par le labeur ascétique de l'humilité.

Nombreux sont ceux qui ont reçu la grâce, non seulement parmi ceux qui se trouvent dans l'Eglise, mais aussi parmi ceux qui sont hors d'elle, car le Seigneur ne fait acception de personne ;

Mais l'humanité n'a pas su garder cette première grâce, et rares sont ceux qui l'ont acquise à nouveau.

Celui qui n'a pas passé par l'expérience de l'effort ascétique pour recouvrer la grâce, celui-là n'a pas, à proprement parler, une véritable connaissance spirituelle.

Par l'alternance de ses états spirituels - communion à la grâce, retrait de la grâce - l'homme arrive à la conviction qu'il n'a pas la vie en lui-même, que sa vie est en Dieu.


[1] Archimandrite Sophrony, Starets Silouane, moine du mont Athos, Vie - Doctrine - Ecrits - Edition Présence, Belley, 1982, p. 298.

[2] Archimandrite Sophrony, Starets Silouane, moine du mont Athos, Vie - Doctrine - Ecrits - Edition Présence, Belley, 1982, p. 299.301.314

[3] Archimandrite Sophrony, Starets Silouane, moine du mont Athos, Vie - Doctrine - Ecrits - Edition Présence, Belley, 1982, p. 128.150

Synthèse Françoise Breynaert

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