L'archimandrite Sophrony résume l'enseignement de saint Silouane :
Dans la perspective de l'ascète, le temps et l'éternité sont deux modes différents de l'être.
- Le premier, c'est-à-dire le temps, est le mode de l'être mystérieusement créé du néant par Dieu, naissant à tout instant et se développant dans son mouvement.
- Le deuxième, c'est-à-dire l'éternité, est le mode de l'Etre divin, auquel nos conceptions d'étendue et de succession ne sont pas applicables. L'éternité est un acte unique, d'une plénitude inconcevable, acte de l'Etre divin.
Quand la bienveillance divine prodigue à l'homme le don de la grâce, non seulement il devient immortel, mais il participe à la sphère divine où il n'y a ni commencement ni fin. En disant que l'homme devient un être sans commencement, nous n'avons en vue ni la préexistence de l'âme, ni une transformation de notre nature créée en nature divine incréée, mais la communion réelle à la Vie divine.
L'expérience vivante de l'éternité et de la contemplation intérieure de Dieu, détachée de la création, remplit d'une manière incompréhensible l'âme d'amour pour l'homme et pour toute créature.
On découvre que seul celui qui a connu dans son expérience spirituelle la grandeur de l'homme, est capable d'estimer vraiment et d'aimer son prochain.
Sous l'effet de cet amour naissent dans l'âme de nouveaux sentiments et nouvelles pensées sur Dieu et sur le monde.
Archimandrite Sophrony, Starets Silouane, moine du mont Athos, Vie - Doctrine - Ecrits - Edition Présence, Belley, 1982, p. 145-147