Saint Silouane (1866-1938) écrit :
J'ai soixante douze ans ; je vais bientôt mourir et j'écris, pour vous, sur la miséricorde de Dieu que le Seigneur m'a donné de connaître par le Saint Esprit ; et le Saint Esprit m'a appris à aimer tous les hommes. Oh ! que je voudrais vous placer sur une haute montagne pour que, de son sommet, vous puissiez voir le Visage doux et miséricordieux du Seigneur, et que vos cœurs exultent de joie. Je vous dis la vérité : je ne trouve rien de bon en moi et j'ai commis de nombreux péchés, mais la grâce du Saint Esprit les a tous effacés. Et je sais qu'à ceux qui luttent avec le péché, le Seigneur accorde non seulement le pardon, mais encore la grâce du Saint Esprit qui réjouit l'âme et lui donne une paix douce et profonde[1].
Le Christ a prié pour ceux qui le crucifiaient : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font. » Etienne, le premier diacre, priait pour ceux qui le lapidaient afin que le Seigneur ne leur compte pas ce péché. Et nous, si nous voulons garder la grâce, nous devons prier pour nos ennemis. Si tu n'as pas de compassion pour le pécheur qui sera tourmenté dans le feu [de l'enfer], c'est le signe que ce n'est pas la grâce du Saint Esprit qui est en toi, mais bien un esprit mauvais ; et tant que es encore en vie, efforce-toi, par le repentir, de te libérer de lui. [2]
Oh ! Si nous pouvions savoir comme la Toute- aime ceux qui gardent les commandements du Christ, et comme elle a compassion et souffre pour ceux qui ne se corrigent pas ! J'en ai fait l'expérience moi-même.
Je ne mens pas, je parle devant la Face du Dieu que mon âme connaît : en esprit, je connais la Vierge Toute-Pure. Je ne l'ai pas vue, mais le Saint Esprit m'a donné de la connaître ainsi que son amour pour nous. Sans sa miséricorde, il y a longtemps que j'aurais péri ; mais elle voulut me visiter et m'exhorter à ne plus pécher. Elle me dit : " Je n'aime pas voir ce que tu fais". Ses paroles étaient calmes et douces, mais elles agirent avec force sur mon âme.
Plus de quarante ans ont passé depuis, mais mon âme ne peut oublier ces paroles remplies de douceur. Je ne sais pas ce que je donnerai en retour pour son amour envers moi et comment je pourrai remercier la Mère du Seigneur[3].
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[1] Archimandrite Sophrony, Starets Silouane, moine du mont Athos, Vie - Doctrine - Ecrits - Edition Présence, Belley, 1982, p. 318
[2] Ibid. p. 323
[3] Ibid., p. 357
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