Les saints voit l'enfer mais il n'a sur eux aucune emprise

Les saint voient l'enfer mais il n'a sur eux aucune emprise

L'archimandrite Sophrony résume la doctrine de saint Silouane (†1938) :

L'orgueil est le principe du péché ; tous les aspects que peut revêtir le mal sont réunis en lui :

- présomption, vaine gloire, désir de puissance,

- froideur, cruauté, indifférence aux souffrances d'autrui.

- Tendance de l'intellect à la rêverie, suractivité de l'imagination,

- Expression démoniaque des yeux, et de toute l'apparence ;

- Angoisse, désespoir, haine ;

- Envie, complexe d'infériorité,

- Pour plusieurs ce peut être accès de concupiscence charnelle ;

- Lancinante inquiétude intérieure,

- Indocilité,

- Crainte de la mort ou, au contraire, désir de mettre fin à ses jours et,

- Et finalement, ce qui n'est pas rare, démence complète.

Tels sont les signes distinctifs de la spiritualité démoniaque.

Quand un homme se laisse « séduire » par l'Ennemi et se met à le suivre, sans comprendre ce qu'est l'Ennemi, il ne connaît pas l'âpreté de la lutte directe contre lui ; il souffre néanmoins parce que l'Ennemi l'entraîne hors de la lumière de la vraie vie, dans les ténèbres dans lesquelles il demeure lui-même. Ces souffrances portent l'empreinte d'un véritable aveuglement spirituel.

Dans certains cas, l'Ennemi lui apporte une délectation trouble en créant chez lui l'orgueilleuse conscience d'une illusoire grandeur.

Dans d'autres cas, il provoque une douleur aiguë dans l'âme et la dresse contre Dieu ; l'âme ne comprend pas la véritable cause de ses maux, et c'est alors avec haine qu'elle se tourne contre Dieu.

Et l'âme se débat longtemps, en général, sans trouver l'issue qui la mènerait à Dieu.

Mais une âme pieuse qui a connu l'amour de Dieu souffre, dans la lutte directe contre l'Ennemi, de l'immense pouvoir maléfique que le diable dirige contre elle.

L'homme voit clairement que cette puissance peut terrasser tout son être.

Et Dieu apparaît à l'homme dans une grande lumière aussitôt que le terme de l'épreuve est atteint. C'est Dieu qui fixe la durée et l'intensité de cette épreuve ; pour certains, elle dure quelques minutes ; pour d'autres, une heure ou plus ; un ascète y restera pendant trois jours.

« Les saints voient l'enfer » disait le starets Silouane, « mais il n'a sur eux aucune emprise ». « Tiens ton esprit en enfer et ne désespère pas ».

En dehors de cette expérience de descente en enfer, il est impossible de connaître véritablement ce qu'est l'amour du Christ, son Golgotha et sa Résurrection.

Dans un tel combat spirituel, le secours de la Mère de Dieu est précieux. Elle nous conduit à la seule et véritable ressemblance à Dieu, la ressemblance à Dieu tel qu'il s'est manifesté sur terre par l'acte de l'Incarnation.


Extraits de : Archimandrite Sophrony, Starets Silouane, moine du mont Athos,

Vie - Doctrine - Ecrits - Edition Présence, Belley, 1982, p. 197-198. 206

Synthèse Françoise Breynaert