« Roi selon le cœur des hommes, Baudouin était aussi un roi selon le Cœur de Dieu... Son secret, c'était son Dieu, qu'il aimait à la folie et dont il se savait aimé » (Cardinal Danneels, « homélie »). Depuis sa prime enfance, Baudouin a toujours manifesté une grande ferveur dans sa foi chrétienne. Son passage au scoutisme y a encore contribué, mais également diverses influences : sa famille, naturellement, le Père Braun, o. p. durant les années d'exil en Suisse, Veronica O'Brien, conseillère spirituelle du roi pendant plus de trente-trois ans...
C'était plus qu'un roi... , Marie était là !
Épris de sainteté pour lui-même et son épouse, le roi prend appui sur les moyens spirituels donnés par Jésus à son Église, avec, au cœur de chaque journée, même en déplacement, la messe et la communion. Sans jamais cacher sa foi, connue de tous, il s'est toujours abstenu d'user de sa position pour l'imposer. Ce qui ne l'empêchait pas d'en témoigner à l'occasion. S'adressant à des sportifs irlandais : « Ce sont des Irlandais qui ont converti l'Europe au christianisme. Ne perdez pas votre foi, gardez-la précieusement ! ». Devant un visiteur qui lui parlait de sa propre incroyance, il fait état d'une expérience personnelle de Jésus : « Une certitude que Jésus m'aimait et qu'il vivait en moi comme dans les autres. Tout a changé à partir de ce jour. Cette présence ne m'a jamais quitté depuis l'âge de dix-huit ans. »
Un journaliste a pu témoigner à la télévision belge : « Exercer la royauté comme l'a fait Baudouin, c'est aussi exercer un sacerdoce. » « C'était plus qu'un roi !... », Marie était là ! ...Comme dans la vie du Christ, et dans la vie du disciple Jean, et dans la vie de tous les vrais disciples, la Vierge Marie était là dans la vie du roi Baudouin. Elle semble y avoir occupé une place privilégiée, surtout à partir d'une certaine rencontre avec la spiritualité de saint Louis-Marie de Montfort... Ce qui nous est révélé en partie par le livre du cardinal Suenens, et qui doit être manifesté au grand jour (c'est la raison des présentes pages).
C'est à la Vierge Marie qu'il confie de trouver une solution au problème de son mariage
La piété mariale de Baudouin datait de son enfance ; elle avait grandi dans le scoutisme, puis au rythme des années, nourrie des pratiques traditionnelles dans l'Eglise. Tous les jours il prie le chapelet, bientôt avec son épouse, et parfois avec des visiteurs... ou encore avec ses neveux. C'est à la Vierge Marie qu'il confie de trouver une solution au problème de son mariage... et à cette intention il fait un pèlerinage à Lourdes, passant de longues heures de nuit à la Grotte... Lorsque peu de temps après, début 1960, le cardinal Suenens lui fait connaître Veronica O'Brien, une personnalité hors du commun, toute remplie de Dieu !...
Irlandaise d'origine, « envoyée » de la Légion de Marie en France et en Belgique, Veronica est une âme de prière, toute consacrée au service de Jésus-Christ selon la spiritualité de Louis-Marie de Montfort, dont elle se fait l'apôtre autour d'elle. Une première rencontre entre Baudouin et Veronica a lieu en mars 1960. Dès cette première rencontre, elle lui parle de la consécration au Christ par Marie selon le Père de Montfort et de la force qu'elle représente pour la connaissance de Jésus-Christ et la fidélité aux engagements pris envers lui au baptême, selon les exigences de la vocation personnelle.
Dès le lendemain, elle envoie au roi, comme promis, deux écrits de saint Louis-Marie : Le Secret de Marie, le Traité de la Vraie Dévotion. Une lettre accompagne : « ... Je suis sûre que lorsque vous aurez médité et prié ces pages saintes, vous choisirez Marie comme votre Reine et que vous l'accepterez comme votre Mère, plus encore que par le passé. Après quoi, laissez-vous guider et inspirer par son tendre amour qui enveloppe tous les détails de la vie. Marie est immensément plus intéressée à votre vie que vous-même pourriez l'être... ». Peu de temps après, Veronica jouera un rôle dans la connaissance que Baudouin fera de Fabiola et dans la rencontre décisive qu'ils auront à Lourdes, au pied de Notre-Dame.
Baudouin a été un vrai disciple de saint Louis-Marie Grignion de Montfort
Le carnet de Notes spirituelles nous laisse entrevoir ce que devient désormais la vie d'union du Roi Baudouin à la Très Vierge Marie, pleinement accueillie dans sa vie comme Mère et Souveraine : son amour pour elle, sa confiance en elle, son recours à elle. Voici quelques glanes (ce sont souvent des prières) :
« Ton joug, Seigneur ; combien je voudrais le prendre et ne prendre que lui !... Ma Mère, ma tendre Mère, j'ai besoin de ta chaleur de ta protection, de ton secours. Je me sens si faible face à la vie de tous les jours. Viens à mon aide, prends-moi dans tes bras maternels, fais-moi vivre en toi, Marie !» (1984). « S'il te plaît, Seigneur, fais de moi un saint, et un saint veut te ressembler dans la Passion...
Ma Mère d'Amour, prends-moi en charge, éduque-moi, forme-moi à la ressemblance de Jésus. Combien j'aimerais lui être si uni qu'il soit vraiment visible en moi » (1989).
« Père tout-puissant et miséricordieux, je te confie et t'offre le monde qui souffre parce que ses dirigeants ne te connaissent pas et ignorent ton amour. Protège (suit une liste de pays, de noms)...
Ma douce Mère, j'aime t'appeler maman, puisque tu l'es et que je n'en ai pas d'autre. Nourris-moi, forme-moi, éduque-moi, apprends-moi tout. Je t'en supplie et te remercie » (1992).
Il écrit à un ami industriel qui lui demande conseil : « Le Christ est en toi, tu dois lui laisser la place, lui laisser l'initiative... Avec Marie tout devient facile. Sois-lui soumis. Reste fidèle à ton engagement au Christ »...
À sa manière royale, Baudouin a été un vrai disciple de saint Louis-Marie (dont on reconnaît sous sa plume jusqu'au vocabulaire). Un disciple devenu, par son exemple, un maître de sagesse qui nous parle encore, à ceux-là particulièrement qui portent de grandes responsabilités : « Avec Marie tout devient facile. »