Le 2 juillet, selon la tradition de saint Jean Damascène.
À Constantinople, le 2 juillet, on célébrait dans l'église des Blachernes la mémoire du cercueil où avait reposé la dépouille mortelle de la Mère du Christ, donné par l'évêque de Jérusalem à Pulchérie, épouse de l'empereur, vers 450 - 457, comme le dit saint Jean Damascène :
« Les souverains [de Constantinople] demandèrent à l'archevêque [de Jérusalem] Juvénal de leur envoyer lui-même, dûment scellé, ce saint cercueil avec les vêtements funèbres de la glorieuse et toute Theotokos Marie, qui s'y trouvaient. L'ayant reçu, ils le déposèrent dans le sanctuaire élevé aux Blachernes en l'honneur de la Theotokos. »[1]
Le 2 juillet, selon la tradition de saint Maxime le confesseur.
Selon une autre tradition, l'objet de la fête byzantine du 2 juillet serait la Déposition du voile ou du manteau de Marie, apporté dans la ville impériale en 473. Saint Maxime le confesseur, dans sa « Vie de Marie », raconte en effet la découverte de la relique du vêtement de Marie (maphorion) ; son déplacement à Constantinople ; et la construction du sanctuaire de Blachernes où il fut gardé.[2]
La protection de Marie.
Au temps des invasions par les Avares, la relique fut rapidement mise à l'abri en 619, puis elle fut triomphalement rapportée, le 2 juin 620. Les Russes attaquèrent Blachernes en 860 mais ils s'enfuirent devant la relique du manteau et ils demandèrent des missionnaires pour leur pays. Au siècle suivant (X° siècle), à Blachernes, d'après le Synaxaire, la Vierge apparut à André, un Fol-en-Christ d'origine slave, et à son disciple Epiphane, une vision qui est à l'origine d'une autre fête, celle du Pokrov, ou protection de Marie, célébrée le 1° octobre.
La dispersion des reliques.
Le sanctuaire Marie de Blachernes (Constantinople) conserva les reliques du manteau de Marie jusqu'au sac de la ville par les Croisés, en l'an 1204. Le sanctuaire de Chalcoprateia (Constantinople) conserva les reliques de la ceinture de Marie jusqu'à l'arrivée des Turcs en l'an 1453.
On retrouve des « reliques du voile de Marie » à Aix la Chapelle (encore vénéré), Compiègne (encore vénéré) et à Chartres (perdu en 1793)[3].
Le 2 juillet en Occident.
À l'époque des Croisades les latins découvrirent la fête orientale du 2 juillet ; ils en gardèrent la date, mais ils en changèrent profondément l'objet, en l'orientant, comme le suggérait la lecture byzantine, vers l'épisode de la Visitation.
[1] Saint Jean Damascène, Extraits de la "Deuxième homélie sur la Dormition de Marie".
[2] Saint Maxime le confesseur, « Vie de Marie », au § 10. Oeuvre généralement datée du début du VII° siècle.
[3] Trintignac (André) Découvrir Notre-Dame de Chartres - Ed. du Cerf, Paris 1988
Synthèse F. Breynaert