L'Église orthodoxe possédait déjà une fête de saint Joseph, célébrée le dimanche après Noël.
L'office de ce dimanche était peu abondante et trop absorbée par le mystère de Noël, et on a cru juste de faire une commémoration spécifique du saint, en prenant la date de la fête latine.
L'office, composé par Ignace Jarboù en 1768, ne fait pas recours à la tradition orientale qui veut que Joseph ait un âge avancé quand il épouse Marie.
Ignace Jarboù fut un chrétien arabe grec-catholique. Il fut moine dans le couvent de Saint Jean de Khonchara, où il fut supérieur général de 1756 à 1761. Il dédia à saint Joseph un couvent à Ain Rummané. Il composa cet office en janvier 1768, pendant qu'il se trouvait à Makkin, près de Beyrouth. Il fut archevêque d'Alep et Séleucie (Syrie du nord), et mourut en 1776.
Le texte arabe se trouve dans C. Batlouni, Recueil de services liturgiques, Beyrouth 1886, 105-120. Nous en offrons quelques passages.
Vêpres
Le rôle de Joseph à l'intérieur de la Famille est vu à la lumière de la Très Trinité dont il a été le digne serviteur :
Stichère des psaumes
Venez, fidèles, célébrons la mémoire annuelle du chaste Joseph. Il est choisi par Dieu le Père comme père juridique du Fils éternel, il nous est donné comme grand patron et libérateur des tentations, il réjouit avec la grâce les cœurs de ceux qui le fêtent avec foi, il libère des afflictions et des passions ceux qui recourent à lui avec une foi vive.
O saint Joseph, tu as été choisi comme époux de l'épouse de l'Esprit Saint, Marie la Vierge. Par inspiration divine tu l'as reçue du temple, en effet tu avais confirmé avec un vœu de virginité que tu serais son gardien comme l'ange de Dieu. Tu es vraiment bienheureux, ange terrestre et homme céleste, supplication pour le salut de nos âmes.
La nuit quand tu voulais laisser en secret Marie toujours vierge que tu voyais enceinte, l'ange du Seigneur t'est apparu et il mit fin à tes sombres pensées (cf. Mt 1, 20s). L'incertitude a contribué à éclairer ton cœur pur en produisant en toi des fruits de foi à l'infini. Tu t'es incliné en effet devant le Fils de Dieu incarné, o Joseph, père de tous les fidèles.
Gloria, t. 5
[...]
Nous les fidèles, réunis pour célébrer ta mémoire, nous t'adressons nos voix joyeuses en disant :
Réjouis-toi, lis pur et parfumé;
Réjouis-toi, tu qui as déposé ton âme avec joie dans les mains du doux Jésus et de l'épouse bien-aimée.
Nous te supplions d'intercéder avec elle auprès de la Très Trinité à côté de qui tu es présent, pour nous accorder la grande miséricorde.
Gloria, t. 4
Jean, le sarment de la pureté, a puisé la plénitude du savoir dans l'océan inénarrable de la théologie, en se penchant sur la poitrine du Seigneur pendant le dîner (cf. Gv 13, 25); mais l'époux de la Vierge, le chaste Joseph a puisé la grâce de l'Esprit Saint dans cet océan divin, quand le Seigneur Jésus s'est penché sur sa poitrine, en qualité de fils.
Matine
Polyeleos et Kathisme, t. 3
Venez fidèles, réjouissons-nous aujourd'hui d'une messe solennelle, préparons-nous à la mémoire du juste Joseph; il a porté un fruit abondant de la racine de David. Il a grandi comme la grâce divine depuis sa naissance, son corps est orné de la pureté parfaite, et il s'est élevé par l'esprit vers Dieu en s'unissant à lui avec un amour parfait. Nous le chantons : 'La paix soit avec toi, o juste Joseph, intercesseur pour nos âmes'.
Joseph, le fils de Jacob, le père des patriarches, dans sa grande sagesse avait conservé de la nourriture pour les deux peuples et il fut appelé chaste, en ayant trouvé grâce auprès du roi d'l'Egypte. Il n'était cependant qu'une image de toi, o admirable Joseph, chaste fils de Jacob. Tu as conservé pour les fils juifs et les fils des nations ce pain vivant descendu du ciel qui donne la vie au monde. [...]
Ode VIII
Joseph très heureux, ta mort s'est accomplie dans les mains de Dieu; en effet, tu t'es purifié dès l'enfance et tu es devenu gardien de celle qui avait été remplie de toutes les bénédictions. Et avec elle tu t'es exclamé en disant: 'Toutes ses oeuvres bénissent le Seigneur et l'exaltent dans tous les siècles.' (Dn 3, 57).
Le juste Joseph a vraiment embrassé le Dieu créateur devant qui tremblent les créatures immatérielles, et il l'a embrassé en tant qu'enfant, il en a reçu une lumière spirituelle, et il a glorifié en disant: 'Toutes ses oeuvres bénissent le Seigneur et l'exaltent dans tous les siècles.' (Dn 3, 57).
Doxa, t. 8
Aujourd'hui l'Église sans tache de Dieu s'enveloppe de lumière au jour de ta fête, o chaste Joseph. Tu as en effet rendu dans les mains de Jésus ton âme pure, qu'il a transférée, o serviteur fidèle, pour que tu sois auprès de lui dans son royaume céleste. Ne cesse pas d'intercéder pour nous qui te vénérons ton heureux départ, de façon à obtenir miséricorde et salut au jour du jugement.
G. Gharib e E. Toniolo (ed) Testi mariani del secondo Millennio. 1. Autori orientali, Città nuova Roma 2008, p. 653-663. Extraits choisis par F.Breynaert.