Je vous donne un exemple qui vous fera comprendre. Quelqu'un allume un feu, il n'a d'abord qu'un petit charbon. Celui-ci représente la parole du frère qui vous offense.
Si vous le supportez, vous éteignez le charbon.
Si au contraire vous vous arrêtez à penser : « Pourquoi m'a-t-il dit cela ? » Comme celui qui allume le feu, vous jetez là des brindilles où n'importe quoi et vous faites de la fumée, ce qui est le trouble.
Mais même ce trouble, vous pouvez encore l'apaiser facilement, lorsqu'il vient de se produire, par le silence, par la prière.
Si au contraire, vous continuez à faire de la fumée, c'est-à-dire à exalter et à exciter votre cœur en pensant : « pourquoi m'a-il dit cela ? Moi aussi, je peux lui en dire ! », voilà donc venue l'irritation.
Si vous voulez, vous pouvez l'éteindre encore, avant qu'elle ne devienne colère.
Mais si, l'irritation une fois provoquée, on ne se calme pas, et qu'on persiste dans le trouble et l'exaltation, la colère qui se prolonge devient de la rancune.
Aussi, je ne cesse de vous le dire, arrachez vos passions tant qu'elles sont jeunes, avant qu'elles ne se soient fortifiées en vous et que vous n'ayez à peiner.
Car autre chose est d'arracher une petite plante, autre chose de déraciner un grand arbre.
S. Dorothée de Gaza