Au seuil du premier millénaire, saint Irénée († 203) sait que le mal contracté par les origines est vaincu par un circuit inverse (re-circulation) : le Christ reprend Adam ; la Croix reprend l'arbre de la Genèse, Marie reprend Ève dont elle est l'avocate. La grâce circule de nouveau entre Dieu et les hommes. Il disait aussi que l'humanité est « récapitulée » : au sens littéral, l'humanité a retrouvé sa tête, son sens, son axe. Citons cette phrase célèbre : « De même que le genre humain avait été assujetti à la mort par une vierge, il en fut libéré par une Vierge, la désobéissance d'une vierge ayant été contrebalancée par l'obéissance d'une Vierge. »[1] Autrement dit, dès saint Irénée, il est clair que Marie a eu un rôle actif et décisif pour notre salut.
L'homélie prononcée au Concile d'Ephèse en novembre 431 exalte l'universalité de l'action de Marie vis-à-vis des hommes. Le « par toi » est déjà un schéma de médiation :
« Par toi, la croix est vénérée dans le monde entier, [...]
Par toi, le monde entier, possédé par l'idolâtrie, est arrivé à la connaissance de la vérité, [...]
Par toi, les peuples ont été amenés à la conversion. »[2]
[1] IRENEE de LYON, Contres les hérésies, 19, 1
[2] Homélie tenue au concile d'Ephèse, PG 77, 992-996
F. Breynaert