G. Palamas a décrit l’Annonciation faite à Marie en des termes splendides mettant en valeur sa foi et l’œuvre de l’Esprit Saint en elle de sorte que le Créateur de l’univers s’incarne.
Le Verbe incarné étant le médiateur du salut dans le monde, G. Palamas développe alors avec profondeur sa pensée sur la médiation de Marie :
Tout d'abord, G. Palamas contemple l'Incarnation. L'Incarnation est un feu qui nous purifie en unissant la terre au ciel, l'humanité à la dinivité. Marie est comme la pincette qui porte le feu purificateur, ou comme le buisson ardent qui ne se consume pas :
"Tout ceci, Isaïe encore une fois l'a clairement prédit, grâce à ce qu'il fut jugé digne de subir bienheureusement : car il n’a pas vu le séraphin se saisir directement du charbon dans l'autel céleste et intelligible du sacrifice; oui, c'est avec une pincette que le séraphin l'a saisi, et qu'il en toucha les lèvres d'Isaïe, pour le purifier (Is 6, 6).
Moïse, lui aussi, contempla la même grande vision que celle de la pincette, à savoir le buisson embrasé par le feu et ne se consumant pas (Ex 3, 2).
Qui donc ignorerait que la Vierge est ce buisson et cette pincette, elle qui conçut le feu divin sans en être consumée, l'archange ayant été le serviteur de cette conception en unissant par elle au genre humain Celui qui porte le péché du monde, et en nous purifiant par cette indicible union ?
Ayant contemplé le mystère de l'Incarnation et la Vierge Marie dans ce mystère, il en déduit que Marie est médiatrice d'éternité :
Aussi la Vierge est-elle, à elle seule, la limite entre la nature créée et l'incréée ; tous ceux qui connaissent Dieu sauront qu'elle a servi de lieu à Celui qu'aucun lieu ne peut contenir, et tous ceux qui louent Dieu la loueront après Dieu.
Elle est la cause de tout ce qui l'a précédée, elle préside à tout ce qui la suit, elle est médiatrice de l'éternité.
C'est elle le sujet des prophéties, le chef des Apôtres, le soutien des martyrs, le fondement des docteurs.
Elle est la gloire de ce qui est sur la terre, la joie de ce qui est dans le ciel, l'ornement de toute la création.
C'est elle le principe, la source et la racine de notre espérance céleste. Puissions-nous tous en obtenir la réalisation grâce à ses prières pour nous; à la gloire de Celui qui fut engendré avant les siècles par le Père, et incarné d'elle dans les temps ultimes, Jésus-Christ notre sauveur. A Lui conviennent toute gloire, honneur et adoration, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen."
Grégoire Palamas, Homélie 14, 8, pour l’Annonciation,
J. CLER, Grégoire Palamas, douze homélies pour les fêtes,
ŒIL / YMCA-PRESS Paris, 1987, p. 89-92
Bibliographie :
Y. SPITERIS, Palamas : La grazia e l’esperienza, Lipa, Roma, 1996
J. MEYENDORFF, Introduction à l’étude de Grégoire Palamas, Paris, Seuil, 1959
J. MEYENDORFF, The triads, Gregory Palamas, New York, Paulist Press, 1983
J. MEYENDORFF, Défense des saints hézychastes, Grégoire Palamas, Louvain, 1959 J. CLER, Grégoire Palamas, douze homélies pour les fêtes, ŒIL / YMCA-PRESS Paris, 1987 [Lien perdu]
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Présentation par F. Breynaert