Un amour qui transfigure
L’Amour est à la base de toute la réflexion du prophète Isaïe :
« Car tu comptes beaucoup à mes yeux, tu as du prix et je t'aime. Aussi je livre des hommes à ta place et des peuples en rançon de ta vie. »
(Isaïe 43,4)
« Une femme oublierait-elle son enfant, est-elle sans pitié pour le fils de ses entrailles ? Même si les femmes oubliaient, moi, je ne t’oublierai pas. »
(Isaïe 49,15)
Si, lui, Dieu, transcendant, voulait rejoindre les exilés et les ramener sur leur terre... Quand on se regarde soi, on se désole. Mais quand on voit que c’est avec nous que Dieu fait merveille, on ne peut plus se considérer comme rien.
L’Amour ennobli, transfigure. Sa présence et sa tendresse sont telles que Israël va revivre (Is 41,13-15).
Péché et responsabilité dans le jeu déroutant de l’amour.
L’Amour brouille les cartes, transfigure le simple donnant-donnant, il y a disproportion. (comme venant de la personne que l’on aime le plus, les offenses prennent des proportions énormes, et les gestes de bonté aussi.)
Nos gestes ont un poids qui nous échappe.
La disproportion joue dans le sens de l’exigence « Vous avez reçu double punition » (Isaïe 40,2) ;
Elle joue aussi dans le sens de la réconciliation : Le péché est effacé gratuitement, il ne nous écrase pas. Le pardon est donné par égard pour l’homme. (Isaïe 43,24-25)
« J’ai dissipé tes crimes comme un nuage... »
(Isaïe 44,22)
« Voici que je te retire de la main la coupe de vertige, le calice, la coupe de la fureur. Tu n’y boiras plus jamais. »
(Isaïe 51,22)
« Eveille-toi, éveille-toi Sion, revêt tes habits les plus magnifiques. »
(Isaïe 52,1)
Eclairage sur les oracles adressés au Serviteur
Autour d’Isaïe, les exilés rentrent au pays porteurs du monothéisme et d’une théologie où l’amour divin transfigure tout.
L’amour donne à notre vie et à notre mission une ampleur qui nous échappe :
« C'est trop peu que tu sois pour moi un serviteur pour relever les tribus de Jacob et ramener les survivants d'Israël. Je fais de toi la lumière des nations pour que mon salut atteigne aux extrémités de la terre. »
(Isaïe 49,6)
Et que dire de ces versets où la souffrance n’est pas punition, mais peut devenir rédemptrice ?
« Ce sont nos souffrances qu’il a portées »
(Isaïe 53,4)
« Par sa connaissance, le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes »
(Isaïe 53,11)
Françoise Breynaert