« Et voici qu'il y avait à Jérusalem un homme du nom de Syméon. Cet homme était juste et pieux; il attendait la consolation d'Israël et l'Esprit Saint reposait sur lui. Et il avait été divinement averti par l'Esprit Saint qu'il ne verrait pas la mort avant d'avoir vu le Christ du Seigneur. Il vint donc au Temple, poussé par l'Esprit, et quand les parents apportèrent le petit enfant Jésus pour accomplir les prescriptions de la Loi à son égard... »
(Luc 2, 25-27)
Le vieillard Siméon, recevant alors l'enfant Jésus dans ses bras, et entonne un cantique qui évoque nettement les chants du serviteur.
« Car mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé à la face de tous les peuples, lumière pour éclairer les nations et gloire de ton peuple Israël. »
(Luc 2,30-32, cf. Isaïe 40,5 ; 42,6 ; 49,6 et 52,10)
Le vieillard Siméon annonce ensuite que l'enfant sera « en butte à la contradiction », ce qui est advenu aussi au Serviteur d'Isaïe (Isaïe 53). C'est l'Esprit Saint, dont il est dit qu'il reposait sur Syméon, qui lui inspire de penser aux chants du Serviteur.
Les versets cités évoquent l'ensemble de la prophétie du "Serviteur souffrant", comme c'est aussi le cas si l'on considère les citations d'Isaïe dans tout le Nouveau Testament.
C'est vraiment l'Esprit de Jésus qui inspire ces références comme introduction à son mystère.
« Les paroles de Syméon, venant après la mention des premiers chants du Serviteur de YHWH (cf. Isaïe 42, 6 ; 49, 6), cités dans Lc 2, 32, nous font penser à la prophétie du Serviteur souffrant (Isaïe 52, 13-53, 12), qui offre sa vie en sacrifice expiatoire (Isaïe 53, 10) à travers un sacrifice personnel et spirituel, qui dépasse de beaucoup les antiques sacrifices rituels. Nous pouvons remarquer ici comment la prophétie de Syméon laisse entrevoir dans la future souffrance de Marie une singulière ressemblance avec l'avenir douloureux du "Serviteur"».[1]
Le fait que la souffrance de Marie prenne place au côté de celle du Christ correspond aussi au texte grec d'Isaïe (la Septante) : le texte Septante donne à certains versets un sens collectif, le Serviteur n'est pas isolé.
[1] Jean Paul II, audience générale du 18 décembre 1996
Françoise Breynaert