Au commencement, mes bien-aimés, Dieu a merveilleusement fait du néant ce monde où nous habitons ; mais à la fin, plus merveilleusement encore, de celui-là, décrépit et vieilli, il en fait un nouveau. De même en effet que dans l'Ancien Testament était contenu le Nouveau , le premier étant l'ombre et celui-ci le corps, le premier étant la figure et celui-ci la vérité, ainsi dans l'ancien peuple était contenu le peuple nouveau, et dans le vieil homme l'homme nouveau ; et dans le vieux monde lui-même le monde nouveau. [...]
Là, au sixième jour, l'homme a été fait à l'image et ressemblance de Dieu ; ici, au sixième âge, Dieu se fait à l'image et ressemblance de l'homme.
Là, de la terre est fait l'homme ; ici, de Marie est fait Dieu.
Là, de la terre encore sans corruption et vierge, l'homme droit, lui-même vierge ; ici, de Marie toujours sans corruption et vierge, le Dieu juste, lui-même faisant les vierges.
Là, du côté de l'homme sans femme, a été créée la femme ; ici, du sein d'une femme sans homme, est engendré un homme.
Là, de la côte d'Adam endormi, est formée la femme en vue de l'aide ; ici, du côté du Christ mourant est consacrée l'Epouse.
Là, une côte est remplacée par de la chair ; ici, en contrepartie de la force qui est donnée, la faiblesse est assumée.
Là, deux en une seule chair ; ici, non plus deux, mais un seul en un seul Esprit.
Là, pour son épouse l'homme quittera père et mère et il s'attachera à elle ; ici, ce grand mystère se révèle en le Christ et l'Eglise, car il a pour ainsi dire quitté père et mère en descendant d'auprès du Père et en abandonnant la Synagogue pour s'attacher à l'Eglise des nations.
Là, l'homme créé est placé dans le paradis de délices pour le travailler et le garder ; ici, l'homme rénové est placé dans l'Eglise, opulente de toutes les délices spirituelles, ornée de toute la variété des fleurs de la grâce et du fruit savoureux des vertus, pour que l'homme y travaille avec crainte et tremblement à son salut et garde toujours avec vigilance ce qu'il a reçu de qui l'a créé, car il est écrit : « Qui se flatte d'être debout veille à ne pas tomber ».
Isaac de l'Etoile, Homélie LIV, publiée dans « Sources chrétiennes » N°339, p. 249-257
