John Henri Newman (1801-1890) est anglican jusqu'en 1845, catholique ensuite. Il est un éminent professeur anglican, au meilleur collège d'Oxford, celui d'Oriel, quand il mène une réflexion sur l'exégèse « moderne » de son temps.
Newman soupçonne ses contemporains protestants de commettre l'erreur d'Arius.
Selon Newman, cette erreur vient d'une lecture directe de l'Ecriture, lecture qui réduit l'Ecriture à « un grand système de mots » [1]. « Par exemple, quand le Christ est appelé Fils de Dieu, cela - objecte-t-on - ne prouve pas sa divinité... » [2]
En conséquence, « le culte que les protestants rendent à Notre Seigneur n'est-il pas bien souvent dépourvu de tout caractère d'adoration ? N'est-il pas plutôt semblable à celui que nous rendons à un être humain d'une grande sainteté. »[3]
Et Newman, pour réformer son Eglise anglicane, veut promouvoir l'approche des Pères de l'Eglise car « ils nous disent, non pas ce que les mots veulent dire, au sens étymologique, philosophique ou classique, mais ce qu'ils veulent réellement dire, ce qu'ils signifient dans l'Eglise du Christ et dans la théologie. »[4]
« Nous nous référons à l'Ecriture. Non à un ou deux textes seulement, détachés de leur contexte, comme il en est de la vue luthérienne sur le sujet, mais de la fréquence d'un mot inspiré dans les deux testaments. L'Ecriture, en ses diverses parties ensemble, conspire comme un tout à cette simple doctrine. Du premier au dernier, ce que les Psalmistes ont attendu, les Prophètes ont promis, et les apôtres annoncé, c'est le don du Dieu tout-puissant, le seul et le même, celui d'une capacité à le servir en bien. »[5]
Un demi-siècle avant le premier concile de Vatican, Newman requiert déjà « l'analogie de la foi », c'est-à-dire la cohérence des textes qui se renvoient les uns aux autres et permettent de rendre le sens de l'un d'entre eux.
Cette approche de l'Ecriture met en lumière la divinité du Christ, et ouvre à Newman la voie de la doctrine mariale. Devenu catholique, il dira :
« Tant que la Divinité du Fils fut controversée, il fut impossible d'apprécier pleinement la dignité de sa Mère. Une fois le Fils en possession des honneurs qui lui revenaient, la dévotion à sa Mère ne devait pas tarder à suivre. »[6]
[1] Newman, Lectures on justification, V, 2° édition de Rivington, 1840, p. 140
[2] Newman, Lectures on justification, VIII, 2° édition de Rivington, 1840, p. 227
[3] Newman, An Essay on the Development of Christian Doctrine, quoted from catholic editions between 1878 and 1909; p. 428
[4] Newman, Lectures on justification, VIII, 2° édition de Rivington, 1840, p. 227
[5] Newman, Lectures on justification, II, 2° édition de Rivington, 1840, p. 40
[6] Newman, Certain difficulties felt by Anglicans in Catholic Teaching Considered quoted from catholic editions between 1875 and 1910, II, p. 85
F. Breynaert
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