Le 20 septembre 1896, le pape Léon XIII donna au monde l’encyclique Fidentem piumque animum, qui rappelle l’urgence de la prière et les fruits du Rosaire, notamment comme instrument d’unité.
Fidentem piumque animum (1896) est la neuvième des onze encycliques que Léon XIII, « le pape du Rosaire », a consacrées à cette prière.
« Quiconque prie trouve la porte ouverte à l'impétration, à la fois par la nature même de la prière et par les promesses du Christ. Et nous savons tous que la prière tire sa principale efficacité de deux circonstances principales : la persévérance et l'union de plusieurs pour une fin. Le premier est signifié dans ces invitations du Christ si pleines de bonté : demander, chercher, frapper (Matt. VII, 7), tout comme un bon père désire satisfaire les désirs de ses enfants, mais qui a aussi besoin d'être continuellement sollicité par eux et comme lassé par leurs prières, afin de attachent plus étroitement leurs cœurs à lui. La deuxième condition Notre-Seigneur a témoigné plus d'une fois : Si deux d'entre vous consentent sur la terre à quoi qu'ils demandent, cela leur sera fait par mon Père qui est dans les cieux. Car là où il y en a deux ou trois assemblés en mon nom, je suis au milieu d'eux (Matt. xviii. 19, 20). D'où cette parole prégnante de Tertullien : Rassemblons- nous en assemblée et en congrégation afin de former pour ainsi dire une troupe et de solliciter Dieu ( Apologet. c. xxxix) : une telle violence est agréable à Dieu ; et les paroles mémorables de Thomas d'Aquin : Il est impossible que les prières de beaucoup ne soient pas entendues, si une prière est composée pour ainsi dire de plusieurs supplications. (Dans Evang. Matt. c. xvii). Ces deux qualités sont remarquables dans le Rosaire. »
« La forme de prière dont nous parlons a obtenu le nom spécial de "Rosaire", comme si elle représentait par sa disposition la douceur des roses et le charme d'une guirlande. C'est tout à fait approprié à une manière de vénérer la Vierge, qu'on appelle avec raison la Rose Mystique du Paradis, et qui, comme Reine de l'univers, y brille d'une couronne d'étoiles. Si bien que par son nom même semble préfigurer et être un augure des joies et des guirlandes du Ciel offertes par elle à ceux qui lui sont dévoués. Cela apparaît clairement si l'on considère la nature du Rosaire de Notre-Dame. Il n'y a pas de devoir que le Christ et ses apôtres préconisent avec plus d'emphase à la fois par le précepte et l'exemple que celui de la prière et de la supplication au Dieu Tout-Puissant. »
« Pour être bref, en répétant les mêmes prières, nous implorons vigoureusement de Notre Père Céleste le Royaume de Sa grâce et de Sa gloire ; nous implorons encore et encore la Vierge Mère de nous aider, nous pécheurs, par ses prières, pendant toute notre vie et surtout à ce dernier moment qui est le tremplin vers l'éternité. La formule du Rosaire, elle aussi, est parfaitement adaptée à la prière en commun, de sorte qu'on l'a appelée, non sans raison, "Le Psautier de Marie". Et cette vieille coutume de nos ancêtres doit être conservée ou bien restaurée, selon laquelle les familles chrétiennes, soit à la ville, soit à la campagne, avaient religieusement coutume à la fin du jour, quand les travaux étaient terminés, de s'assembler devant une figure de Notre-Dame et de réciter alternativement le chapelet. Elle, ravie de cet hommage fidèle et unanime, était toujours près d'eux comme une mère aimante entourée de ses enfants, leur distribuant les bienfaits de la paix domestique, avant-goût de la paix du ciel. Considérant l'efficacité de la prière publique, Nous avons, entre autres décrets que nous avons émis de temps à autre concernant le Rosaire, dit ainsi : « Nous désirons qu'il soit récité tous les jours dans l'église principale de chaque diocèse, et dans les églises paroissiales tous les jours de fête » (Lettre apostolique Salutaris Ille , 24 décembre , 1883) »
« Personne ne peut même être imaginé qui ait jamais contribué ou contribuera jamais autant à réconcilier l'homme avec Dieu. Elle offrit à l'humanité, se précipitant vers la ruine éternelle, un Sauveur, au moment où elle reçut l'annonce du mystère de paix apporté sur cette terre par l'Ange, avec cet admirable acte de consentement au nom de tout le genre humain (Summa . p. III, q. xxx., art. 1). C'est de qui est né Jésus; elle est donc vraiment sa mère, et pour cette raison une « Médiatrice du Médiateur » digne et acceptable. Comme les divers mystères se présentent les uns après les autres dans la formule du Rosaire pour la méditation et la contemplation de l'esprit des hommes, ils éclairent aussi ce que nous devons à Marie pour notre réconciliation et notre salut. »
(…)
« De plus, il faut se rappeler que le Sang du Christ versé pour nous et ces membres dans lesquels Il offre à Son Père les blessures qu'Il a reçues, prix de notre liberté , ne sont autres que la chair et le sang de la vierge, puisque la chair de Jésus est la chair de Marie, et bien qu'elle ait été exaltée dans la gloire de sa résurrection, néanmoins la nature de sa chair dérivée de Marie est restée et reste toujours la même ( de Assumpt. BVM, cv , parmi les Opera S. août ). »
« Le Christ apparaît clairement dans le Rosaire. Nous contemplons sa vie en méditation, soit sa vie cachée dans la joie, soit sa vie publique dans un labeur excessif et des souffrances jusqu'à la mort, soit sa vie glorieuse depuis sa résurrection triomphante jusqu'à son intronisation éternelle à la droite du Père. Et puisque la foi, pour être complète et suffisante, doit se manifester, - car avec le cœur nous croyons à tort, mais avec la bouche la confession est faite pour le salut(Rom. x., 10), - nous avons donc aussi dans le Rosaire un excellent moyen pour cela, car par ces prières vocales avec lesquelles il est entremêlé, nous sommes capables d'exprimer et de professer notre foi en Dieu, notre Père le plus vigilant ; dans la vie future, le pardon des péchés ; dans les mystères de l'auguste Trinité, de l'Incarnation du Verbe, de la Maternité divine, etc. Tous connaissent la valeur et le mérite de la foi. Car la foi est comme un joyau très précieux, produisant maintenant les fleurs de toutes les vertus par lesquelles nous sommes agréables à Dieu, et portant désormais des fruits qui dureront à jamais : car te connaître est une justice parfaite, et connaître ta justice et ta puissance est la racine de l'immortalité (Sagesse XV, 3). C'est ici le lieu d'ajouter une remarque sur les devoirs de ces vertus que la foi postule justement. Parmi elles se trouve la vertu de pénitence, et une partie de celle-ci est l'abstinence, qui, pour plus d'une raison, est nécessaire et salutaire. Il est vrai que l'Église est de plus en plus indulgente envers ses enfants en cette matière, mais ils doivent comprendre qu'ils sont tenus de prendre soin de compenser cette indulgence maternelle par d'autres bonnes œuvres. Nous nous réjouissons pour cette raison aussi de proposer en particulier l'usage du chapelet, qui est capable de produire de dignes fruits de pénitence, notamment par le souvenir des souffrances du Christ et de sa Mère. »
« L'exemple du Christ est devant nous, car afin que ses disciples soient un dans la fidélité et la charité, il a répandu prières et supplications à son Père. Et concernant la prière efficace de sa très sainte Mère pour la même fin, il y a un témoignage frappant dans les Actes des Apôtres. Il y est décrit la première assemblée des Disciples, attendant avec un espoir et une prière sincères la plénitude promise du Saint-Esprit. Et la présence de Marie unie à eux dans la prière est spécialement indiquée : Tous ceux-ci persévéraient d'un même esprit dans la prière avec Marie la Mère de Jésus (Actes I, 14). C'est pourquoi, comme l'église naissante s'unit à juste titre dans la prière avec elle en tant que patronne et très excellente gardienne de l'Unité, c'est pourquoi, en ces temps, il est plus opportun de faire de même dans tout le monde catholique, en particulier pendant tout le mois d'octobre, que nous avons depuis longtemps décrété être dédié et consacré, par la dévotion solennelle du Rosaire, à la Mère Divine, afin de l'implorer pour l'Église affligée. »
-sur l’encyclique Fidentem piumque animum, en ligne
-sur les autres encycliques de Léon XIII sur le Rosaire, dans l’Encyclopédie mariale
-sur les papes et le Rosaire, dans l’Encyclopédie mariale
-sur l’histoire du Rosaire, dans l’Encyclopédie mariale
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