Les chapiteaux historiés et les sculptures qui ornent les tympans des églises de la période romane sont riches et nous offrent des œuvres de grande qualité, qui représentent des épisodes bibliques ou de la vie des saints. L’Annonciation et la Visitation sont deux scènes fréquemment représentées. L’exemple du prieuré Saint-Léonard de l'île Bouchard illustre la qualité de cette sculpture du XIès en France.
Le tympan dit de la Vie de la Vierge de l’ancienne façade occidentale de l’église Notre-Dame de la Charité-sur Loire, la frise de l'église de Notre-Dame-La-Grande à Poitiers et le prieuré Saint-Léonard de l'île Bouchard, en Touraine, sont quelques-uns des remarquables exemples de la représentation de l’Annonciation et de la Visitation à l’époque romane. Le prieuré Saint-Léonard de l'île Bouchard est actuellement en ruine, seule subsiste l'abside entourée d'un déambulatoire. Sculptées sur les chapiteaux de l'abside en ruine, on peut encore admirer l'Annonciation et la Visitation que l’on voit ci-dessus, datant du XIès.
Les deux scènes de l’Annonciation et de la Visitation sont liées : toutes deux révèlent la maternité divine de la Vierge Marie. Dans le chapiteau du prieuré de l’Ile Bouchard, l’Annonciation nous montre l'ange Gabriel qui couvre la Vierge Marie de son aile gauche, comme la gloire de Dieu couvrait la tente de la Rencontre...
Sur la droite du chapiteau, la Vierge Marie, enceinte du Sauveur, embrasse Elisabeth, enceinte de st Jean-Baptiste, le Précurseur. Cet embrassement des bras, des lèvres, des yeux, est rempli de douceur, et Élisabeth touche le ventre de Marie, ce qui, dans le langage symbolique médiéval, symbolise l’exaltation de cette maternité divine de la Vierge Marie.
Les deux scènes, Annonciation et Visitation se suivent. Au cours de l’épisode de l'Annonciation rapporté dans l’évangile de st Luc, l'ange Gabriel a donné un signe à la Vierge Marie : « Et voici qu'Élisabeth, ta parente, vient, elle aussi, de concevoir un fils dans sa vieillesse, et elle en est à son sixième mois, elle qu'on appelait la stérile; car rien n'est impossible à Dieu." (Luc 1, 36-37). La Vierge Marie, juste après, s'en va donc chez Élisabeth.
C'est une rencontre pleine de tendresse féminine, mais aussi pleine de pureté et de foi, Marie est vierge et Élisabeth était dédiée à la prière, l'une et l'autre sont témoin de l'action divine : la justification de saint Jean-Baptiste dès le sein de sa mère, sensible par le tressaillement de l’enfant dans le sein d’Élisabeth.
Jadis, le prophète Élie avait fait l'expérience que Dieu n'est pas dans les éclairs ni l'ouragan, mais dans le murmure d'un silence léger (1 Roi 19, 12). Le petit Jean-Baptiste, que Jésus comparera à Élie, reçoit l'Esprit Saint dans la douceur de la rencontre des deux femmes enceintes.
La sobriété de la scène (positions et les regards) suggère que l'évènement qui se déroule dépasse le monde sensible.
"En ces jours-là, Marie partit et se rendit en hâte vers la région montagneuse, dans une ville de Juda. Elle entra chez Zacharie et salua Elisabeth. Et il advint, dès qu'Elisabeth eut entendu la salutation de Marie, que l'enfant tressaillit dans son sein et Elisabeth fut remplie d'Esprit Saint. Alors elle poussa un grand cri et dit: "Bénie es-tu entre les femmes, et béni le fruit de ton sein! Et comment m'est-il donné que vienne à moi la mère de mon Seigneur ? Car, vois-tu, dès l'instant où ta salutation a frappé mes oreilles, l'enfant a tressailli d'allégresse en mon sein. Oui, bienheureuse celle qui a cru en l'accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur!" (Luc 1, 39-45)
-Sur la Visitation dans l’art, dans l’Encyclopédie mariale
-sur la Visitation, dans l’Encyclopédie mariale
-Sur le sanctuaire de la Visitation à Ain Karem, dans l’Encyclopédie mariale
-sur la Visitation dans les liturgies d’Orient et d’Occident, dans l’Encyclopédie mariale
Françoise Breynaert et l’équipe de MDN.