Pour Hildegarde, la santé n'est pas seulement une absence de maladie, mais une surabondance de vie, une fontaine de Jouvence, l'aptitude au bonheur.
Son œuvre de médecine s'intitule "Causae et curae", et traite des causes et des traitements des maladies.
La médecine de Hildegarde s'interprète dans l'histoire du salut[1] :
Le Péché originel a eu des conséquences physiologiques. Avec le langage du Moyen Age, Hildegarde dit que la bile, qui auparavant était comme un cristal étincelant, vira et devint noire, entraînant des désordres organiques et les maladies.
Chaque péché, et chaque habitude de péché (les vices), génèrent davantage d'opacité (de « bile noire »), et favorise les maladies.
Hildegarde sait bien que cela ne signifie pas qu'un malade soit coupable d'un péché. Rappelons l'Evangile de l'aveugle né :
« Ses disciples lui demandèrent: Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu'il soit né aveugle? Jésus répondit: Ni lui ni ses parents n'ont péché, mais c'est afin que soient manifestées en lui les oeuvres de Dieu. » (Jean 9, 2-3)
D'une part, le corps malade alourdit l'âme et contriste l'esprit.
Réciproquement, l'âme pécheresse obscurcit le corps et le rend malade.
Il s'agit donc de guérir le corps avec l'aide de toute la création qui reçoit la vie de la Trinité. Par une cuisine adaptée, par des infusions, par des pierres précieuses, Dieu a disposé dans la création ce qui guérit l'homme. Mais cela ne suffit pas, l'homme resterait inachevé, sa joie serait incomplète.
Il s'agit aussi de guérir l'âme du péché, et pour cela, chacun doit coopérer à la grâce du Christ rédempteur en s'efforçant de pratiquer le bien et d'éviter le mal[2]. La venue du Christ par l'Incarnation et sa mort sur la croix ont rendu visible l'amour de Dieu et ont rendu possible notre retour à Dieu[3].
C'est pourquoi, dans son livre de médecine "Causae et curae", il est aussi question des vices et des vertus, de l'amour du Seigneur Jésus et de la Trinité !
Parmi les aliments, certains sont bons, d'autres mauvais :
Aliments nocifs : fraise, prune, poireau.
Aliments à éviter : farine blanche, tomates crues non épluchée, oignon cru, etc...
Aliments excellents : l'épeautre (l'épeautre est l'ancêtre du blé), etc...
Les pierres précieuses soutiennent le chemin de guérison, à condition que l'homme s'efforce de s'orienter vers Dieu le créateur, révélé en Jésus-Christ.
Par exemple, en portant la topaze d'or, il faut dire une prière pour se remémorer notre origine divine :
« Ô Dieu, toi qui es glorifié par-dessus et en toutes choses, par égard pour moi, ne me rejette pas hors de Ta présence, mais par Tes bénédictions sustente-moi, fortifie-moi et deviens un avec moi. »
Divers exemples de pathologies : leur cause et leur traitement.
Selon Hildegarde, la dureté de cœur entraîne des problèmes cardiaques. (Evidemment, il peut y avoir d'autres causes aux problèmes cardiaques).
Hildegarde conseille de mettre un diamant dans une cruche d'eau 24heures, et d'utiliser l'eau pour boire ou cuisiner (Evidemment, c'est une aide partielle, parmi d'autres).
Avec cela, elle conseille de pratiquer la compassion.
« La Création toute entière aspire à l'affection et à l'amour. [...] Je me sens responsable et je guéris les malades ; je suis un doux remède pour tous. »
( Hildegarde, Le Livre des mérites de la vie I, 17).
Selon Hildegarde, la lâcheté (qui veut plaire à tout le monde, en évitant de barrer la route aux puissants, et sans se soucier des pauvres et des saints) amollie la colonne vertébrale, donne du psoriasis, de l'eczéma ou de l'acné. La guérison passe par le courage...
Selon saint Hildegarde, la colère provoque une gastrite, une colite, un intestin poreux source de mille maux. Elle soigne avec la chalcédoine, ou encore avec de la poussière d'or en poudre dans de la farine d'épeautre.
« [Ainsi parle la patience :] La victoire m'appartient depuis l'origine des temps, de par l'invincible Fils de Dieu. Il est venu de Dieu pour sauver l'humanité, puis Il est retourné à Dieu. Il est mort sur la croix dans d'atroces souffrances. Mais Il a ressuscité et est monté aux cieux. Me remémorant ce fait, je ne fuis pas les misères et les souffrances de cette vie. »
( Hildegarde, Scivias III, vision 3).
Et Hildegarde précise : en cas de colère avec haine, en cas d'avortement, ou en cas de meurtre, il faut des jeûnes stricts et longs, massages vigoureux à la brosse, port de vêtements en fibre rugueuse. Isolement complet pendant un certain temps. Et en cas graves, des séjours dans l'obscurité.
Selon Hildegarde, l'impiété provoque des gastrites, des ulcères, des hémorroïdes. Lécher un diamant libère du fanatisme, de la colère, du mensonge, mais surtout, il faut aimer la piété :
« La piété dit encore : J'ai pour compagnon un ange. Je n'ai aucune envie de marcher à côté d'escrocs dissimulateurs, et préfère louer Dieu avec les justes. »
( Hildegarde, Scivias III, vision 6, 3)
Selon Hildegarde, la tristesse et la détresse provoquent une insuffisance hépatique, une difficulté à digérer le gras. Le remède, est de porter une pierre d'émeraude verte ou un topaze d'or, et, avec cela, de vivre une quête sincère de Dieu dans la solitude et le désert.
« Le bonheur rétorque à l'affliction : Tu es envieuse, parce que sans confiance en Dieu, ne demandant pas d'aide, tu n'en reçois pas. Mais moi je l'appelle et Il me répond. Je lui demande miséricorde et je suis exaucé. Je suis rempli de joie profonde. Je joue de la harpe en sa présence et je dispose mon œuvre autour de lui. Je place ma vérité en Dieu et place ma vie entre ses mains. »
( Hildegarde, Le Livre des mérites de la vie, II, 19.)
Selon Hildegarde, l'envie et le manque de charité génèrent des cancers, des maladies du foie, des surrénales... La guérison passe par la charité.
« La charité dit [...] : Je vivifie les actions bonnes pendant le jour et régénère les corps pendant la nuit. [...] De Dieu je suis l'amie la plus suave, qui prend part à ses décisions. Tout ce qui appartient à Dieu m'appartient aussi, parce que j'ai part à Dieu »
( Hildegarde, Le Livre des mérites de la vie III, 8)
Selon Hildegarde, la luxure et les péchés sexuels génèrent des maladies du colon, des organes génitaux, et des sciatiques. L'homosexualité détruit l'immunité.
La guérison nécessite la pratique de la chasteté.
[Le respect crie à l'amour du divertissement :] « Ô saleté ! Ô bourbier des temps présents ! cache-toi, disparais de mon regard, car mon Ami est né de Marie immaculée. »
(Scivias III, vision 3,3)
« Je suis la chasteté. Je suis libre moi, et non pas enchaînée. J'ai été purifiée à la plus pure des fontaines, à savoir la Parole pleine d'amour de Dieu. »
(Scivias III, vision 8,7)
Le mauvais usage de la médecine de Hildegarde.
1) Confondre vertu et état mental. C'est oublier que la personne se construit par ses actes, et acquiert les vertus par la répétition d'actes bons.
2) Confondre la vertu des aliments ou des pierres avec l'Esprit Saint. C'est oublier la rédemption et la relation au Christ.
3) Rester enfermé dans l'horizon matériel de la guérison, c'est oublier la vie éternelle, les fins dernières, et mal orienter sa vie.
[1] Cf. Hildegarde, Scivias, c'est-à-dire «Connais les voies». En français : Monat Pierre, Hildegarde, Scivias - Connais les voies, Le Cerf, Paris 1996.
[2] Cf. Hildegarde, Liber vitae meritorum (Livre des mérites de la vie).
[3] Cf. Hildegarde, Liber divinorum operum (Livre des œuvres divines).
Bibliographie :
[Lien perdu]
- Wighard Strehlow, La guérison du corps et de l'esprit selon Hildegarde de Bingen. Éditions Dangles - Saint-Jean-de-Braye (France) -2002.
- Consulter aussi : https://www.epeautre.net/
https://www.epeautre.net/PBCPPlayer.asp?PW=1&ID=313386
Synthèse Françoise Breynaert