Le rôle de la femme dans la Rédemption selon saint Jean-Paul II (1997)

La coopération de la femme à la Rédemption (Jean Paul II)

Dans la Présentation de Jésus au Temple est révélée la coopération de la "femme" à la Rédemption.

Le consentement de la femme nouvelle à l'œuvre rédemptrice du Christ.

Les paroles du vieillard Syméon, annonçant à Marie sa participation à la mission salvifique du Messie, mettent en lumière le rôle de la femme dans le mystère de la rédemption.

En effet, Marie n'est pas seulement une personne individuelle, mais elle est également la «fille de Sion», la femme nouvelle placée aux côtés du Rédempteur pour prendre part à sa passion et engendrer dans l'Esprit les fils de Dieu.

Syméon semble suggérer à Marie d'accomplir ce geste pour contribuer au rachat de l'humanité.

Cette réalité est exprimée par la représentation populaire des « sept épées » qui transpercent le cœur de Marie: la représentation souligne le lien profond existant entre la mère, qui s'identifie avec la fille de Sion et avec l'Église, et le destin de douleur du Verbe incarné. En restituant le Fils, à peine reçu de Dieu, pour le consacrer à sa mission de salut, Marie se livre également elle-même à cette mission.

Il s'agit d'un geste de partage intérieur, qui n'est pas seulement le fruit de l'affection maternelle naturelle, mais qui exprime surtout le consentement de la femme nouvelle à l'œuvre rédemptrice du Christ.

Marie est unie à son Fils divin dans la « contradiction », en vue de l'œuvre de salut.

Dans son intervention, Syméon indique la finalité du sacrifice de Jésus et de la souffrance de Marie : ceux-ci auront lieu "afin que se révèlent les pensées intimes de bien des cœurs" (Lc 2, 35). Jésus, « signe en butte à la contradiction » (Lc 2, 34), qui fait participer sa mère à sa souffrance, conduira les hommes à prendre position à son égard, les invitant à une décision fondamentale. En effet, il «doit amener la chute et le relèvement d'un grand nombre en Israël » (Lc 2, 34). Marie est donc unie à son Fils divin dans la « contradiction », en vue de l'œuvre de salut.

Il existe certainement un risque de chute pour celui qui refuse le Christ, mais l'effet merveilleux de la Rédemption est la Résurrection de nombreuses personnes. Cette seule annonce fait naître une grande espérance dans les cœurs pour lesquels le fruit du sacrifice apporte déjà un témoignage. En plaçant sous le regard de la Vierge cette perspective de salut avant l'offrande rituelle, Syméon semble suggérer à Marie d'accomplir ce geste pour contribuer au rachat de l'humanité. En effet il ne parle ni avec Joseph, ni de Joseph: son discours est adressé à Marie, qu'il associe au destin du Fils.

Le primat du Christ soutient et exige le rôle propre et irremplaçable de la femme

La priorité chronologique du geste de Marie ne voile pas le primat de Jésus. Le Concile Vatican II, en définissant le rôle de Marie dans l'économie du salut, rappelle qu'Elle «se livra intégralement à la personne et à l'œuvre de son Fils, pour servir, dans sa dépendance et avec lui, au mystère de la Rédemption » (Lumen gentium, n. 56). Au cours de la présentation de Jésus au temple, Marie sert au mystère de la Rédemption dans la dépendance du Christ et avec le Christ: c'est en effet Lui qui est le protagoniste du salut, qui doit être racheté par l'offrande rituelle. Marie est unie au sacrifice du Fils par l'épée qui Lui transpercera l'âme.

Le primat du Christ n'annule pas, mais soutient et exige le rôle propre et irremplaçable de la femme. En faisant participer sa mère à son sacrifice, le Christ entend révéler ses profondes racines humaines et indiquer une anticipation de l'offrande sacerdotale de la croix. L'intention divine de solliciter l'engagement spécifique de la femme dans l'œuvre rédemptrice résulte du fait que la prophétie de Syméon n'est adressée qu'à Marie, bien que Joseph participe également au rite de l'offrande.

La prophétesse Anne

La conclusion de l'épisode de la présentation de Jésus au temple semble confirmer le sens et la valeur de la présence féminine dans l'économie du salut. La rencontre avec une femme, Anne, conclut ces moments particuliers dans lesquels l'Ancien Testament se livre presque au Nouveau.

Comme Syméon, cette femme n'occupe pas une position sociale importante dans le peuple élu, mais sa vie semble posséder une valeur élevée aux yeux de Dieu. Saint Luc l'appelle «prophétesse», probablement car un grand nombre de personnes la consulte en raison de son don de discernement et de sa vie menée sous l'inspiration de l'Esprit du Seigneur.

Anne est à un âge avancé, ayant quatre-vingt-quatre ans et est veuve depuis longtemps. Totalement consacrée à Dieu, «elle ne quittait pas le Temple servant Dieu nuit et jour dans le jeûne et la prière » (Le 2, 37). Elle représente ceux qui, ayant vécu intensément l'attente du Messie, sont en mesure d'accueillir l'accomplissement de la Promesse avec une joyeuse exultation. L'Évangéliste rapporte que « survenant à cette heure même, elle louait Dieu » (Lc 2,38). Demeurant habituellement dans le temple, elle a pu, peut-être plus facilement que Syméon, rencontrer Jésus au crépuscule d'une existence consacrée au Seigneur et enrichie par l'écoute de la Parole et par la prière.

A l'aube de la Rédemption, nous pouvons distinguer dans la prophétesse Anne toutes les femmes qui, à travers la sainteté de leur vie et une attente dans la prière, sont prêtes à accueillir la présence du Christ et à louer chaque jour Dieu pour les merveilles opérées dans sa miséricorde éternelle. Choisis pour rencontrer l'Enfant, Syméon et Anne vivent intensément ce don divin, partageant avec Marie et Joseph la joie de la présence de Jésus et la diffusant dans leur milieu.

En particulier, Anne démontre un zèle magnifique en parlant de Jésus, témoignant de cette façon de sa foi simple et généreuse. Une foi qui prépare les autres à accueillir le Messie dans leur existence. L'expression de Luc: « [Elle] parlait de l'enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem» (2, 38) semble l'accréditer comme le symbole des femmes qui, se consacrant à l'Evangile, suscitent et alimentent les espérances de salut.


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