Hans Urs von Balthasar (1905-1988), théologien et philosophe spécialiste de la phénoménologie de la vérité, a consacré à sainte Thérèse de Lisieux un essai intitulé : Thérèse de Lisieux : histoire d'une mission. Dans cet ouvrage, il met en lumière la façon dont Thérèse vit la sainteté dans son rapport à la vérité. Sainte Thérèse de L’Enfant Jésus a en effet vécu toute sa vie dans cet engagement total de son être à la vérité. Ainsi la vérité coïncide-t-elle pour elle avec sa mission.
« Thérèse combat avec le glaive de l’esprit contre le contraire de l'esprit, avec le glaive de la vérité contre les armées opaques du mensonge qui, inquiétantes, indiscernables, toutes proches, la cernent de tous côtés. Avec l'impuissance d'une tendre racine, elle se fraie péniblement un chemin à travers les roches les plus dures et les fait finalement éclater. La vérité est le mot-clé de sa vie, et par là celle-ci se place sous le signe de la théologie. Mais c’est la vérité dans cette plénitude, cette force, cette intensité de décision qu'a la parole de la sainte Écriture : la vérité comme témoignage de toute l'existence, comme remise de toute la vérité personnelle à la vérité une, unique, de Dieu en nous. La vérité comme obéissance et comme mission.
« Au Carmel, il ne faut pas faite de fausse monnaie pour acheter les âmes »[1]
Ici, où il s'agit de l'authenticité de l'amour, aucune « forme » ne suffit, aucune confiance en l'efficacité par soi de « formes ».
« Croyez-vous qu'il suffise de faire l'acte d'offrande que vous avez composé ?
-Oh non, les paroles ne suffisent pas… Pour être véritablement victime d’amour, il faut se livrer totalement.»[2]
« Les belles paroles ne sont rien sans les œuvres.»[3]
Ainsi Thérèse se gardera d'écrire une phrase qu'elle n'ait pas d'abord mise à l'épreuve et qu'elle ne transpose pas constamment, pendant qu'elle écrit, en action. Elle a vécu son « système » avant de le formuler.[4]
« Tantôt j'écrivais sur la charité et, bien souvent, on est venu me déranger. J'ai tâché de ne point m'impatienter, de mettre la première en pratique ce que j'écrivais. »[5]
Non seulement elle accomplit la vérité, mais aussi elle la subit, et elle est reconnaissante de pouvoir ainsi recevoir et donner le témoignage pour la vérité de sa doctrine.
« Tout ce que j'ai écrit sur mes désirs de la souffrance. Oh ! C'est bien vrai. »
« Je sens bien maintenant que ce que j'ai dit et écrit est vrai sur tout. C'est vrai que je désirais beaucoup souffrir pour le bon Dieu, et c'est vrai que je le désire encore.»[6]
« Ma Mère, qu'est-ce que cela signifie d'écrire de belles choses sur la souffrance ! Rien ! Rien ! Il faut y être pour savoir ce que valent ces élans »[7],
« Et moi qui ai désiré tous les genres de martyre ! Ah ! Il faut y être pour savoir ! »[8]
C'est la manière dont Dieu prend au sérieux l'amour de la vérité chez les saints.
Cette recherche de la vérité a toujours été présente en elle. »
Source :
-Urs von Balthasar. Thérèse de Lisieux : histoire d'une mission. Paris : Mediaspaul, 1996.
[1] N57.
[2] H282
[3] MA 279
[4] G 285
[5] N36
[6] N194
[7] N 187
[8] N 186
-sur sainte Thérèse de Lisieux (1873-1897), Docteur de l'Église, dans l'Encyclopédie mariale
-sur la Vérité du Christianisme - Conférence du Cardinal Ratzinger à la Sorbonne le 27 novembre 1999 , dans Questions de foi
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