Vittore Crivelli (XVe s). Saint Bonaventure. Dom. pub., via Wikimedia Commons.
Saint Bonaventure (1221-1274), franciscain, évêque d’Albano, occupe une place de choix parmi les grands auteurs spirituels. Proclamé docteur de l’Église, sa doctrine se base sur le principe d’un itinéraire de l’âme vers Dieu lors de sa vie terrestre.
Étienne Gilson, dans son ouvrage intitulé La Philosophie au Moyen Age, présente ainsi la pensée de saint Bonaventure:
« La doctrine de saint Bonaventure se donne expressément et avant tout comme un ''Itinéraire de l'âme vers Dieu'' ; elle enseigne ''comment l'homme tend vers Dieu à travers toutes choses.''»[1]
Au cœur de la pensée de saint Bonaventure, il y a l'idée de la manifestation (« expressio ») de Dieu. À partir de ce que Dieu fait connaître de lui-même, progressivement l'homme peut monter jusqu'à s'unir à Dieu.
« Nous devons chercher à saisir Dieu par le miroir de notre âme. Là, semblable au chandelier d'or, la lumière de la vérité éclaire la face de notre âme, toute resplendissante de l'image de la bienheureuse Trinité. »[3]
Saint Bonaventure résume ainsi les étapes du cheminement de l’âme vers Dieu :
« Il faut passer par le vestige qui est corporel, temporel dehors de nous - cela, c'est être conduit par le chemin de Dieu.
Il faut entrer en notre esprit qui est l'image éternelle de Dieu, spirituelle et en nous - cela, c'est entrer dans la vérité de Dieu.
Il faut nous dépasser vers l'éternel, très spirituel et au-dessus de nous, en regardant vers le premier principe - cela, c'est se réjouir dans la connaissance de Dieu et dans le respect de la Majesté. » (Itinéraire, I, 2).
Ainsi, saint Bonaventure compare la création à un "livre écrit" pour l'homme, et qui doit être "lu correctement".
L'homme a vocation d'orienter le monde créé vers Dieu :
« L'homme est la fin immanente de la création, c'est pour lui que le livre est écrit. Toute la création est pour lui, et cette création toujours entrain d'être faite, inachevée, attend encore de la connaissance de l'homme d'être lue correctement, et de sa technique et de son amour d'être orientée, tournée vers l'homme et par lui vers Dieu. » [4]
[1] E. Gilson, La philosophie au Moyen Age, Coll. Payot, p. 145.
[2] Vestige, au sens propre : empreinte laissée sur le sol par le pied de l'homme ou de l'animal ; par extension, trace, reste. Synonyme : reste, reliques ; trace ; piste (In : Paul Foulquié .Dictionnaire de la langue philosophique . Paris : Presses Universitaires de France, 1962, p.759.
[3] Saint Bonaventure, Itinéraire de l'Esprit vers Dieu. Paris : Librairie Philosophique, 1994 , p.61.
[4] Saint Bonaventure, Breviloquium, Editions Franciscaines, 1967, p. 33.
Synthèse F. Breynaert et l’équipe de MDN.