Dieu
Saint Bonaventure s'inspire de l'« exemplarisme » qui est la doctrine d'inspiration platonicienne selon laquelle les perfections changeantes de ce monde sont expliquées par leur participation à une source idéale qui est réalise au suprême degré, en toute plénitude et pureté. Pour les philosophes chrétiens, ces modèles ou exemplaires sont toujours les Idées divines.
Saint Bonaventure explique que les Idées divines « informent » c'est-à-dire donnent la forme, comme un modèle justement. Et non seulement elles « informent » mais elles sont créatrices au sens strict, elles ont tiré l'univers du néant. Dieu est la cause de ses œuvres comme un artiste, par sa volonté délibérée.
L'homme
L'une des thèses de saint Bonaventure est de distinguer la matière corporelle et la matière spirituelle. La matière corporelle est source de quantité, mais aussi d'imperfection et de mort. La matière spirituelle est dominée par la forme qui l'actue. Dieu crée avec chaque humaine la matière spirituelle qu'elle doit informer, ainsi, à la résurrection, chaque âme garde avec elle sa portion de matière (spirituelle) sans troubler l'ordre du monde.
Une autre thèse de saint Bonaventure est que l'influence divine éclaire notre action, il y a en nous une illumination morale, et elle communique à notre volonté une prédisposition à la vertu, des semences de vertu qu'il nous faut développer librement. Saint Bonaventure insiste beaucoup sur notre volonté, car en dernier ressort, c'est la volonté qui décide.
p. 388-405
Saint Bonaventure s'oppose donc à l'averroïsme
Alors que pour Averroès toute l'évolution des êtres est soumise à la nécessité physique des lois naturelles, saint Bonaventure souligne la libre volonté créatrice de Dieu, et la libre volonté humaine.
Alors que pour Averroès l'univers est éternel, saint Bonaventure pense qu'il y aurait contradiction à supposer les choses tirées du néant, mais en existant de toute éternité.
Alors que pour Averroès c'est l'espèce humaine qui est globalement éternelle, pour saint Bonaventure, chaque âme humaine ressuscite en gardant avec elle sa portion de matière spirituelle à laquelle elle a donné forme.
A vrai dire, le titre de gloire de saint Bonaventure n'est pas dans l'humble science humaine de la philosophie, mais dans la mystique chrétienne où il est un maître incomparable.
Extraits de : F.-J. Thonnard, A.A.,
Précis d'histoire de la philosophie, Desclée, Paris, 1966, p. 288-405