Saint François d’Assise a magnifié la figure de Marie par différentes prières de louange, sous la forme de salutations, qui mettent notamment en lumière la relation de la Vierge Marie à la Trinité.
Les salutations s’inscrivent dans la forme courtoise du ‘Salut’, hommage du poète à sa dame dans la littérature courtoise, portrait élogieux de la dame aimée, qui permet au poète, par la poésie, de dépasser le mal d’amour dont il est saisi. La poésie est donc une façon de transcender ce mal d’amour, pour entrer dans la dynamique de l’Amour, qui dépasse celui des créatures et mène vers leur Créateur.
Cette dynamique est alors amplifiée lorsqu’il s’agit de faire l’éloge de la Vierge Marie, puisque, comme le dit lui-même st François d’Assise dans l’antienne qu’il a composée pour la Vierge Marie, ‘aucune autre femme née en ce monde ne (Lui est) comparable‘. Dès lors, le ‘salut courtois’ se transforme en une ‘salutation’ qui rappelle celle de l’Ange Gabriel lors de l’Annonciation.
La grande dévotion de st François d’Assise à la Vierge Marie se traduit ainsi dans les vocables qu’il va Lui attribuer. L’évocation de la ‘Dame sainte’ lui permet d’entrer dans le mystère divin, auquel la contemplation de la Vierge Marie, miroir sans tache de Dieu, conduit. C’est ainsi qu’une suite de métaphores va permettre d’entrer dans cette contemplation. Cette louange reflète également l'expérience de la médiation de Marie, en qui en qui sont "toute plénitude de grâce et tout bien", médiation exprimée à travers l'image de Marie comme église et tabernacle. Marie est qualifiée de ‘palais de Dieu’, de ‘Tabernacle de Dieu’, voire de ‘vêtement de Dieu’. Ces vocables sont une façon de rendre hommage à la maternité divine de Marie, mais également au Christ et à Dieu le Père. Nous présentons ici la salutation à la Vierge Marie de st François d’Assise sous la forme fixée qui a servi d’inspiration au compositeur Francis Poulenc.
Parmi les œuvres religieuses que F. Poulenc a consacrées à la Vierge Marie[1], l’une des ‘Quatre petites prières de st François d’Assise’, composées par F. Poulenc à la demande de son cousin franciscain frère Jérôme Poulenc, s’appelle « Salut, Dame sainte ». Ces petites prières, composées en 1948 par F.Poulenc pour les frères du scolasticat de la Province de Paris à « Champfleury », sont écrites pour voix d’hommes.
‘Salut, Dame Sainte, reine très sainte, mère de Dieu,
ô Marie qui êtes vierge perpétuellement,
élue par le très saint Père du Ciel,
consacrée par Lui avec son très saint Fils bien aimé et l’Esprit Paraclet,
vous en qui fut et demeure toute plénitude de grâce et tout bien !Salut, palais ; salut, tabernacle ;
salut, maison ; salut, vêtement ; salut, servante ; salut, mère de Dieu !
Et salut à vous toutes,
saintes vertus qui par la grâce et l’illumination du Saint Esprit,
êtes versées dans les cœurs des fidèles et, d’infidèles que nous sommes,
nous rendez fidèles à Dieu !’
[1] les ‘Litanies à la Vierge noire de Rocamadour’, pour chœur de femmes et orgue, composées en 1936, un ‘Stabat Mater’ (1950), et cette petite prière de st François d’Assise : « Salut Dame sainte ».
-Pour entendre la version musicale de cette salutation, mise en musique par F.Poulenc
-sur Fille du Père, mère du Fils, épouse de l'Esprit (St François d'Assise + 1226), dans l’Encyclopédie mariale
-sur saint François († 1226) et sainte Claire († 1253) d'Assise, dans l’Encyclopédie mariale
Isabelle Rolland