Thérèse de Lisieux, Femme de culture, d'éducation et de paix (UNESCO, 27 novembre 2023, suite)



 

La  reconnaissance "laïque" de Thérèse par l'UNESCO  en 2023 met en évidence sa place dans la culture mondiale. En effet, Thérèse a suscité un immense intérêt, inspirant de nombreuses œuvres littéraires et artistiques, même de la part de non-croyants. Le discours prononcé par François-Marie Léthel ocd développe l'Exhortation Apostolique sur sainte Thérèse de Lisieux, publiée le 15 octobre 2023, qui a comme titre ces premiers mots: C'est la confiance.

 

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Thérèse de Lisieux,

Femme de culture, d'éducation et de paix (UNESCO, 27 novembre 2023)

(suite)

 

"La petite voie de la confiance et de l'amour" comme chemin d'espérance pour tous

Le document du Pape François cite continuellement le texte de Thérèse. Il met particulièrement en lumière sa mission d'éducatrice, enseignant aux autres ce chemin de vie qu'elle-même a découvert et expérimenté. C'est la petite voie de la confiance et de l'amour (n. 14-29), toujours dans cette dynamique de "la confiance qui conduit à l'amour". Cette confiance est une très ferme espérance, "une espérance sans limites" (n. 27).

Ici, Thérèse est très proche de son contemporain Charles Péguy, le grand poète de l'espérance, de cette petite et invincible espérance capable de donner un sens à toute vie humaine, même dans les conditions les plus dramatiques et apparemment désespérées. C'est l'espérance de la victoire finale du bien sur le mal, que le chrétien voit déjà réalisée dans la passion et la résurrection de Jésus. Pour Thérèse comme pour Péguy, c'est l'espérance du salut éternel, d'un bonheur qui n'aura pas de fin, pour soi-même et pour tous les autres, jusqu'à espérer pour tous.

A ce propos, le Pape se réfère au très beau récit de Thérèse concernant le Criminel Pranzini (Ms A, 45v-46v): "Avant son entrée au Carmel, Thérèse fit l’expérience d’une singulière proximité spirituelle avec l’un des hommes les plus malheureux, le criminel Henri Pranzini, condamné à mort pour triple assassinat, et impénitent" (n. 28). Ce "monstre" dont parlent alors tous les journaux est encore pour Thérèse un frère

pour lequel elle prie et dont elle espère le salut avec une entière confiance, au point de le recevoir comme son "premier enfant". Citant le texte de Thérèse, le Pape écrit: "Elle donne la raison de cette certitude : « tant j’avais de confiance en la miséricorde infinie de Jésus » (ibid.). (...) Cette expérience intense d’espérer contre toute espérance a été fondamentale pour elle : « Depuis cette grâce unique, mon désir de sauver les âmes grandit chaque jour » (ibid.) (n. 28).

Carmélite, Thérèse est une femme de prière, d'une vie intérieure qui n'est jamais repliement sur soi mais au contraire la plus grande ouverture du cœur à toute l'humanité, accueillant d'abord celui que la justice des hommes avait radicalement exclu en le condamnant à mort. Pour lui, Thérèse a prié et espéré avec tout son cœur de femme comme cœur de Mère: "mon premier enfant"! C'était sa première expérience de maternité spirituelle. D'une manière unique, elle montre ce qu'est la fécondité de la prière, de cette immense énergie spirituelle, de ce courant positif de l'Amour qui a rempli sa vie personnelle pour qu'elle le diffuse dans le monde entier.

À ce sujet, il faut encore citer le texte de l'Exhortation Apostolique: "Thérèse a écrit qu’elle était entrée au Carmel « pour sauver les âmes » (Ms A, 69v). En d’autres termes, elle ne concevait pas sa consécration à Dieu en dehors de la recherche du bien de ses frères. Elle partageait l’amour miséricordieux du Père pour l’enfant pécheur, et celui du Bon Pasteur pour les brebis perdues, éloignées, blessées" (n. 9). Telle est l'attitude profonde du Pape François, en vrai disciple de Thérèse, son attention privilégiée à ceux qui sont plus loin, à tous les exclus.

Selon lui, cette "confiance illimitée en la Miséricorde Infinie de Dieu" est essentielle, car "Pour Thérèse, Dieu brille avant tout par sa miséricorde, clé pour comprendre tout ce qui est dit de Lui : « À moi Il a donné sa Miséricorde infinie, et c’est à travers elle que je contemple et adore les autres perfections Divines !... Alors toutes m’apparaissent rayonnantes d’amour, la Justice même (et peut-être encore plus que toutes les autres) me semble revêtue d’amour » (Ms A, 83v). C’est l’une des découvertes les plus importantes de Thérèse, l’une de ses plus grandes contributions (...). Elle est entrée de manière extraordinaire dans les profondeurs de la miséricorde divine et y a puisé la lumière de son espérance sans limites" (n. 27).

Thérèse a compris que la Miséricorde ne doit jamais être séparée de la Justice, de cette justice dont l'effet principal n'est pas de juger, mais de justifier l'homme pécheur, c'est à dire de le rendre vraiment juste en le libérant du mal. Comme Péguy, Thérèse a une vive conscience de ce "mal universel" qui enveloppe toute l'humanité, et qui se manifeste aujourd'hui de tant de manières par l'exclusion et la violence sous toutes ses formes. En écho des paroles de saint Paul, le Pape résume en une belle formule la grande certitude de Thérèse: "« là où le péché a abondé, la grâce a surabondé» ( Rm 5, 20). Le péché du monde est immense, mais il n’est pas infini. En revanche, l’amour miséricordieux du Rédempteur est infini" (n. 29).

 

Source :

Père François-Marie Lethel, ocd.

 

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Pour en savoir plus

 

-sur Sainte Thérèse de Lisieux, dans l'Encyclopédie mariale

-sur l’Exhortation apostolique sur sainte Thérèse de Lisieux C’est la confiance (pape François), en ligne

 

 

 

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